Esprit, paroles de grands, méthode

, par  Florence , popularité : 36%

S’interroger sur le sens de la vie, sur ce que c’est qu’être libre, sur les limites de ce que nous pouvons connaître : ce serait réservé aux philosophes, à ceux qui ont suivi des études de philosophie ?... Non, bien sûr. Ce sont des questions que se posent (ou qui travaillent) tous les humains, un jour ou l’autre. Elles se posent dès l’enfance. Depuis la naissance de la philosophie et à travers les âges, les philosophes eux-mêmes le disent...
(Pour accéder aux trois éléments de méthode : voir plus bas, après "paroles de grands" :)

PAROLES DE GRANDS :

[122] « Quand on est jeune il ne faut pas remettre le philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l’âme. » EPICURE, Lettre à Ménécée
(citation que l’on trouve souvent résumée par la formule : il n’y a pas d’âge pour philosopher.)

« On a grand tort de peindre la philosophie inaccessible aux enfants, et d’un visage renfrogné, sourcilleux et terrible. Qui me l’a masqué de ce faux visage, pâle et hideux ? Il n’est rien de plus gai, de plus gaillard, de plus enjoué, pour un peu je dirais de plus folâtre. Elle ne prêche que fête et bon temps. Une mine triste et transie montre que ce n’est pas là son gîte. » Michel de MONTAIGNE Les Essais chapitre 26, "De l’institution des Enfants".

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. (…) Une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. » Pascal, Pensées, Pléiade, p. 1157.

« Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » Parfois traduit par : « Ni se moquer, ni se plaindre, ni accuser, mais comprendre. » Baruch SPINOZA

« On n’apprend pas la philosophie ; on apprend à philosopher ». Emmanuel KANT

« Tout a ou bien un prix, ou bien une dignité. On peut remplacer ce qui a un prix par son équivalent ; en revanche, ce qui n’a pas de prix, et donc pas d’équivalent, c’est ce qui possède une dignité » E.KANT, Métaphysique des mœurs, Garnier-Flammarion, p.116.

« Rendons la philosophie populaire ! » Denis DIDEROT

« La métaphysique est la réponse aux questions des enfants. » Bernard GROETHUYSEN

« L’essence de la philosophie est l’esprit de simplicité. Que nous envisagions l’esprit philosophique en lui-même ou dans ses œuvres, que nous comparions la philosophie à la science ou une philosophie à d’autres philosophies, toujours nous trouvons que la complication est superficielle, la construction un accessoire, la synthèse une apparence : philosopher est un acte simple. Plus nous nous pénètrerons de cette vérité, plus nous inclinerons à faire sortir la philosophie de l’école et à la rapprocher de la vie. » Henri BERGSON L’intuition philosophique

« Un signe admirable du fait que l’être humain trouve en soi la source de sa réflexion philosophique, ce sont les questions des enfants. » Karl JASPERS

« Notre rapport avec le vrai passe par les autres. Ou bien nous allons au vrai avec eux, ou ce n’est pas au vrai que nous allons. » Maurice MERLEAU-PONTY, Eloge de la philosophie

«  Savoir ce que l’on dit, cela épuise le champ de la philosophie. » Vladimir JANKÉLÉVITCH

« Les enfants commencent tous par la métaphysique, les adolescents continuent dans la morale, et nous les adultes, nous finissons dans la logique et la comptabilité. » Daniel PENNAC, Messieurs les enfants, Gallimard nrf, p.121

« Qu’est-ce que la philosophie ? C’est une pratique (discursive, raisonnable, conceptuelle) mais non scientifique ; elle se soumet à la raison et à l’expérience – à l’exclusion de toute révélation d’origine transcendante ou surnaturelle – et vise moins à connaître qu’à penser ou questionner, moins à augmenter notre savoir qu’à réfléchir sur ce que nous savons et ignorons. Ses objets de prédilection sont le Tout et l’homme. Son but, qui peut varier selon les époques et les individus, sera le plus souvent le bonheur, la liberté ou la vérité, voire la conjonction des trois (la sagesse) ». André COMTE-SPONVILLE dans son Que sais-je ? sur la philo.

« Il faut savoir se nourrir des textes, mais aussi être capable d’apporter des réflexions et des solutions créatives ; c’est ce qui fait qu’une tradition (...) est vivante et qu’elle n’est pas un musée. » Beaucoup de textes traditionnels ont souffert de « textostérone » Delphine HORVILLEUR

« Faisons le pari que la joie de comprendre fera reculer le plaisir de dominer. » Philippe MEIRIEU

« L’intelligence, c’est l’inversion de la dispersion. » Gabriel MADINIER

SUR LA METHODE :

Michel Tozzi établit un protocole aux ateliers philo autour de trois axes : problématisation, conceptualisation et argumentation… sans lesquels il n’y a pas de réelle exigence philosophique.
« Ce sont ces trois exigences intellectuelles qui vont permettre aux élèves et aux adultes le passage du « dire ce que l’on pense » (c’est à dire ce que l’on a dans la tête, le plus souvent des idées peu réfléchies prises aux parents, aux médias), à « penser ce que l’on dit », se constituer en pensée autonome qui sait pourquoi elle pense ce qu’elle dit. »

Audrey Bigot-Destailleur précise :
1-Conceptualiser en compréhension c’est :
 définir les termes que l’on utilise et les notions dont on parle avec le souci du mot juste,
 mettre au jour des significations,
 évoquer les mots voisins, les synonymes, les termes contraires
 interroger les mots et expressions du langage courant,
 éventuellement faire appel à l’étymologie,
Conceptualiser en extension, c’est explorer les domaines d’application, les formes d’existence — voire des exemples, qui sont féconds s’ils permettent de faire avancer le problème, la réflexion.

2-Problématiser, c’est réinterroger la question, réinterroger mes propres opinions, relativiser leur évidence par le doute et par la confrontation aux idées des autres. Les questions qui composent la problématisation sont orientées vers la structuration du raisonnement, vont permettre d’explorer et d’approfondir le sens du concept.

3-Argumenter, c’est expliciter ce qui prouve la véracité ou l’inexactitude des thèses défendues, dire pourquoi, en quoi, expliquer, rendre raison de son point de vue.

Préparer un atelier en pratiquant cette méthode en trois points permet d’être bien au clair avec le sujet.
Bien sûr, il s’agira ensuite d’adapter ces exigences aux âges des discutants-chercheurs-apprentis philosophes, mais surtout de les amener le plus loin possible dans l’exploration de leurs capacités. Et elles sont souvent surprenantes !

Par ailleurs, Nathalie Frieden, formatrice suisse, souligne l’importance d’une réassurance, d’un climat de bienveillance groupale : la sécurité psychologique est nécessaire pour pouvoir penser librement.
S’étonner ou surprendre, ce n’est pas déstabiliser. (La déstabilisation comporte une forme de violence — laquelle n’est pas philosophique.)

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NB : Les sculptures présentées sont de Suzane Lopes, artiste bahianaise vivant à Paris (voir son site dans le menu des sites favoris) — avec son aimable autorisation.

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